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Méthodes quantitatives (Si Moussa), Cours n°4 : 

le 12/03/03

 

1 - Définition et caractéristiques des entretiens 

Entretien selon leurs vocations dans le processus de recherche dans cette perspective on distingue :

- entretien exploratoire : placé au début des processus de recherche notamment quand le chercheur souhaite compléter ses pistes de travail quand les hypothèses de recherche ne sont pas encore formulées, finalisées.

On peut par exemple procéder à des entretiens exploratoire avant une enquête avec un questionnaire.

Préparation à une enquête soit par un questionnaire, soit par un entretien.

Si il s'agit d'une enquête par entretien, les entretiens constituent la source d'informations principales.

- entretien qui se situe au centre 

- entretien qui se situe après, entretien à usage complémentaire.

Entretien à usage complémentaire, ils peuvent se dérouler postérieurement à une enquête par questionnaire ou peuvent se dérouler en même temps que l'enquête par questionnaire.

2 - Préparation de l'entretien

  • Population de l'échantillon :

La définition de la population interviewée est généralement dans la définition même de l'objet de recherche.
La population est définie dans le titre.
ex : la réussite des étudiant en sciences de l'éducation, les trajectoires professionnelles des employés de la banque populaire.

A l'intérieur de cette population, on peut définir des critères de choix qui peuvent être tout à fait simple : âge, sexe, ... ou des critères plus complexes.
ex : types de résidences principales ou secondaires, nombre d'années d'études. 

La taille ou l'effectif de la population interviewée est nettement plus réduite que dans le cadre d'un questionnaire. Le nombre d'entretien jugés dépend du thème de l'étude selon qui l'est plus ou moins multidimensionnels et dépend également de la diversité des attitudes supposées par rapport au thème.

  • dépend du type d'enquête :

- exploratoire
- principale
- complémentaire

  • Dépend du type d'analyse envisagée, thématique ou exhaustivité du contenu.

  • dépend également des moyens que l'on dispose en temps et argent

En général, le plus souvent, on construit un échantillon reposant sur une certaine diversification des individus et des situations sans toutefois aboutir à une dispersion excessive.

Il faut éviter la singularité.

Il n'existe pas d'échantillon représentatif quand on fait des entretiens, pas d'objectif visé. 10 entretiens peuvent être aussi valable que 50.

  • Le mode d'accès aux interviewés :

Ce mode d'accès doit répondre à une exigence pratique et exigence de neutralité. On distingue 2 principaux mode d'accès :

- direct :

Mode d'accès le plus neutre, passe par une base de données (fichier), face à face
Mode d'accès le plus rapide, à priori le plus simple, il dépend du contexte (lieu) et de plus il y a une interaction, il peut y avoir un problème de distance sociale.

- Indirect :

Il consiste à passer par l'intermédiaire d'un tiers qui peut-être institutionnel ou personnel. On passe par quelqu'un, cela peut-être un avantage ou pas, ce qui est certain, est que cette demande n'est pas neutre.

Méthode parfois indispensable pour trouver la personne et maximiser les chances de l'entretien (tiers amical).

- Friends by friends (de proche en proche)

- Informateurs relais : ce sont des personnes ressources, personnes qui sont au centre de vastes réseaux sociaux par exemple : personnel de l'éducation national, président d'association, ...

- relais institutionnels : intermédiaire avec fonction particulière par rapport aux personnes qu'on cherche à atteindre.

Dans les 3 cas, il faut gérer, maîtriser la relation entre l'intermédiaire  et la personne interviewée, savoir quelle est l'image de l'intermédiaire chez l'interviewé.
ex : passer par le chef d'établissement pour atteindre l'enseignant peut-être mal placé.
Pour les informateurs relais, il faut faire attention comment il choisit les personnes qui vont être interviewée.

  • Le problème du refus de l'entretien, de l'interview : 

Tout le problème consiste à déterminer le problème du pourquoi du refus.

- Si le refus est indépendant du thème de l'entretien, impossible à contrôler, ni à prévoir.
- Si le refus est lié au thème de l'enquête, il est plus facile à interpréter, il fait parti du résultat.

Il faut mentionner le refus et les raisons. Il faut éviter que le refus soit lié à la prise de contact et à la présentation de l'enquête lors de la prise de contact et le début de l'entretien.

La prise de contact peut-être par courrier, par téléphone ou en face à face.

3 façons de prendre contact, cela doit être fait au bon endroit, au bon moment dans des condition supposées adéquates.

  • Le plan d'entretien :

Il comprend à la fois le dit "entretien" et la stratégie d'intervention.

Guide d'entretien : ensemble organisé de thèmes que l'on souhaite voir aborder par l'enquêté. Ce qui va déterminer le contenu et la forme du guide d'entretien est le degré de structuration souhaité pour l'entretien.

Un entretien peu structuré suppose la formation d'une consigne inaugurale et la préfiguration d'axes thématiques. La consigne inaugurale est une instruction de l'Enquêteur qui définie le thème du discours attendu de l'enquêté.

Un entretien structuré suppose la formulation d'une consigne inaugurale, constitution et planification de stratégie d'écoute et d'informations.

Remarque :

Le guide d'entretien structure l'interrogation mais ne dirige pas le discours, l'Enquêteur doit le connaître sans avoir à le consulter ni le formuler par des questions.

Ce guide doit permettre d'effectuer des relances pertinentes.

relance : intervention de l'Enquêteur qui est une paraphrase ou un commentaire de l'énoncé précédent de l'enquêté.

  • Le contexte ou la situation de l'entretien :

Le cadre extérieur commande en parti le déroulement de l'entretien, on connaît notamment l'influence du paramètre temporel.

ex : si on souhaite étudier l'ennui des femmes au foyer dans les grands ensemble immobilier, on va choisir comme cadre temporel, la plage horaire où l'ennui est supposé arrivé. Signification des lieux : une recherche sur la construction discursive d'élève interrogés dans 3 espaces scolaires :

- cours de récréation
- classe
- cabinet médical

Les enfants ont été plus prolixe dans la cours, dans la classe le discours est rapidement démuni de propos, dans le cabinet médical, le discours a été le plus confident et les moins actif (davantage dépend des questions de l'enquêteur).

Les places occupées par les acteurs de l'entretien :

- en face à face
- de part et d'autre d'un bureau
- côte à cote sur un canapé.

Les caractéristiques physiques et socio-économiques des partenaires de l'entretien joue sur les représentations que l'enquêté se fait de son rôle dans l'entretien.

Notamment certaine configuration de l'entretien reproduit des situations sociales courantes : conversation amicales, demande d'aide à un conseiller, rapport de séduction, préservation de soi à l'égard d'un supérieur, interrogateur face à un évaluateur.

Les problèmes se posent quand il y a distance sociale importante entre l'Enquêteur et l'enquêté :

Quand le groupe social de l'Enquêteur est supérieur à celui de l'enquêté : E>e :

ex : interview d'un enfant d'un quartier défavorisé, l'Enquêteur peut avoir recours à toue une stratégie pour réduire la distance adulte-enfant et les distances sociales, apporter un paquet de chips, s'associer au même milieu social, introduire des mots tabous, ...

Quand le groupe social de l'Enquêteur est inférieur à celui de l'enquêté : E<e :

Intimidation de l'Enquêteur peut conduire à des comportements d'emprunts et qui peuvent faire perdre la maîtrise de la situation.

En résumé, la croyance mutuelle de l'Enquêteur et de l'enquêté sont fondamentales, l'Enquêteur doit nécessairement répondre à 2 questions implicites :
Pourquoi cette recherche ?
Pourquoi cet entretien ?

Une fois définie l'objectif de l'entretien, vont entrer en jeux le mode d'accès et la prise de contact avec l'utilisation éventuelle d'un magnétophone et l'expertise plus ou moins élevée de l'enquêté sur le thème de l'enquête.
Plus le thème de cette enquête sera familier et plus le discours de l'enquêté sera stable, élaboré , pré-construit et donc moins sensible à l'interlocution.

3 - Déroulement de l'entretien 

Relation Enquêteur / enquêté : l'Enquêteur doit aborder 6 points incontournables :

  1. l'Enquêteur commence à s'identifier : son nom, son organisme commanditaire et le sujet de sa recherche.

  2. l'Enquêteur explique comment la personne a été choisie, méthodes d'échantillonnage

  3. l'Enquêteur précise les modalités des transcriptions des réponses ou discours

  4. l'Enquêteur précise le temps prévu pour l'entretien

  5. l'Enquêteur rappelle la déontologie de la recherche et notamment le respect de l'anonymat

  6. l'Enquêteur précise ses attentions vis à vis de l'enquêté, par exemple : je n'attends pas de bonnes ou mauvaises réponses, c'est votre opinion qui nous intéresse.

Durant l'entretien :

Etape 1 : Discours de l'enquêté est une suite de stéréotypes, de clichés, on le laisse parler et on approuve. A la fin l'enquêté a le sentiment d'avoir tout dit.

Etape 2 : On relance le discours avec la technique du miroir avec une paraphrase et là le discours devient plus intéressant, l'enquêté  va au-delà des clichés avec un moment une saturation.

Etape 3 : L'enquêteur vérifie que l'enquêté n'a plus rien à dire, nouvelle relance.
2 possibilités :
- soit l'enquêté redit des choses déjà dites, on le laisse finir et on met fin à l'entretien.
- soit il continue sur de nouvelles choses

Il faut déstructurer le moins possible son discours.

Mode d'intervention :

Principales difficultés : traiter en temps réel les informations reçue car il faut traiter en même temps 3 dimensions de l'enquêté :

- dimension référentielle
- dimension modale
- dimension illocutoire


- dimension référentielle : on doit se demander que me dit-il des choses dont il parle ?
- dimension modale : Que me dit-il de ce qu'il pense, est-ce qu'il révèle son opinion personnelle ?
- dimension illocutoire : Que me dit-il de ce qu'il cherche à accomplir comme acte à mon égard ?

L'écoute du discours est un diagnostic qui doit permettre ensuite d'effectuer des interventions pertinentes.

3 grands types d'intervention :

  • contradiction :

On s'oppose au point de vue développé précédent par l'enquêté.

Elle est peu utilisée dans l'entretien de recherche car elle est dangereuse, en effet l'Enquêteur peut donner des informations sur ses positions, il n'est plus neutre sauf si il l'a annoncé explicitement au début. L'information produite dans l'entretien ne se limite plus à celle donnée par l'enquêté.
Elle est utilisée par les journalistes qui en principe relaye l'opinion du public et les hommes politiques qui produisent un plaidoyer argumenté.

  • consigne :

Inaugurale ou pendant l'entretien, intervention directrice qui introduit un nouveau thème.
Conséquences : l'entretien est structuré par la multiplication des consignes de l'Enquêteur et donc le discours de l'enquêté est moins articulé suivant sa propre cohérence.

  • relance :

Paraphrase du discours antérieur de l'enquêté, c'est donc quelque chose de subordonnée au discours de l'enquêté. Une relance se coule, s'intègre dans les discours de l'enquêté, c'est le mode d'intervention le plus efficace pour soutenir la production d'informations de l'individu.

Mais la relance n'est pas neutre, elle traduit une certaine intention de l'enquêté.

Conclusion :

- Ne pas négliger le problème du langage, il faut un langage accessible à l'enquêté.

- Le thème choisit doit constituer un stimulus pour l'enquêté, il doit évoquer chez lui des réactions.

- Le rôle de l'Enquêteur et de l'enquêté doivent être très nettement précisés.

- L'information recueillie doit être la plus large possible.

Compléter cours : techniques d'analyses de données.