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Sociologie des pratiques d'enseignement  (Tupin), cours n°2 : 

le 16/04/03

 

Il y a eu unification éducatif, massification de l'enseignement, allongement de la durée des études mais l'école n'a pas réussi à réduire les écarts scolaires.
La question qui se pose est la survie des écoles populaires.

Est-ce qu'on est capable d'inventer un système scolaire ou une école populaire qui pourrait évoluer positivement, ce qui renvoie à leur composition sociologique.

- Soit on considère que les écoles populaires sont vouées à l'échec et donc il faut les fuir.
- Soit on pense qu'il existe des marges de manœuvre et qu'on peut donc construire positivement ces écoles.

Alain Léger et Maryse Tripier (1986), Fuir ou construire l'école populaire ?, Paris: Méridiens Klincksieck, 1988, (1ère éd.: 1986), 207 p., Coll.: "Réponses sociologiques"
Fuir ou construire les écoles populaires ? A. Léger et M. Tripier, étude de 1986 mais d'actualité, ces 2 auteurs vont pénétrer la boîte noire, les écoles populaires, voir leurs modes de fonctionnement. Ils vont s'intéresser au processus de l'école. Il y a aura une analyse comparative du fonctionnement de 2 écoles populaires situées dans une même zone géographique relevant même commune et accueillant les mêmes publics.

Les résultats montrent des marges d'action, ce que l'on peut fait pour combattre les phénomènes de reproduction.

Donc ce la signifie que la reproduction n'est pas mécaniste et bien que le système soit contraignant, il ménage des espaces de liberté. Les enseignants ne sont pas frappé d'impuissance au plan de leurs interventions sociales.

La municipalité de Gennevilliers (communiste) a proposé aux sociologues d'expliquer les causes de l'échec scolaire et des solutions pour les combattre.

Le premier angle d'étude qui va s'interroger sur les représentation sociales des acteurs de l'école et notamment des familles, des enseignants et de tous les personnels qui travaillent dans l'école (non-enseignants) dans 2 écoles A et B.

Questions posées : elles concernent les causes de l'échec scolaire, quartier important environ 7500 habitants et très populaire : 84% sont des employés et ouvriers et il y a 50% d'étrangers dont plus de la moitié sont d'origine maghrébine. C'est une zone d'éducation prioritaire (Z.E.P.).
Sur 684 enfants scolarisés moins de 10 sont de milieu très favorisés.

Les enquêtes vont montrer que l'échec c'est les autres.

Ce que pensent les enseignants :

Définir l'échec scolaire : 50% de non-réponses

Dans les réponses, les sources, les causes sont :
- Absence de motivation des élèves voir dégoût scolaire (plan affectif, psychologique)
- Niveau insuffisant
- Décalage entre cultures ouvrières et scolaires
, décalage envisagé en termes fatalistes.
- Insertion professionnelle et sociale insuffisante des parents
- Retards scolaires cumulés qui viendrait des familles, ...

Les causes sont du à l'handicap socioculturel

L'échec est du au handicap socioculturel au quel on adjoint la thèse du déficit linguistique (1 enseignant sur 2).
On ne trouve pas de remise en question de l'école ou de la pédagogie chez les enseignants (programme, critères d'évaluation, ...)
Fatalisme sociologique.

Du côté des familles populaires, les familles sont ravies de parler de ça, elles sont demandeuses. Des attentes sont exprimées par rapport à l'école et les familles espère une ascension sociale par l'école.

- Loin du regard défaitiste, au contraire, la réussite scolaire et sociale sont intimement liées et donc ces familles vivent des confrontations avec l'enseignant comme un dialogue de sourd.

SIROTA, Régine - L’école primaire au quotidien, Paris, Presses universitaires de France, 1988

R. Sirota dans l'école primaire au quotidien a montré par exemple qu'il y avait une grande simplicité et complicité entre instituteur et famille de cadre moyen.
Mais que l'école primaire n'est pas un enjeu majeur, l'école primaire n'est pas un souci. En fonction des enjeux ça change les rapports.
Il trouve que l'école ne remplit pas ces missions et exprime un sentiment d'injustice.

Les milieux populaires ont le sentiment qu'on leur propose un enseignement de qualité inférieure lié au fait qu'ils se sentent dévalorisés socialement par les maîtres.
Il évoque également des conditions de vie difficile autour des problèmes du logement, délinquance et que l'école ne joue pas son rôle que l'école organise un encadrement post-scolaire.

Il y a un attribution externe des causes de l'échec, sentiment de frustration, d'injustice.
Ils ont l'espoir que l'école puisse résoudre certains nombres de problèmes.

On s'aperçoit que les familles dans lesquelles les enfants réussissent plutôt bien à l'école, il y a globalement une bonne opinion de l'école.

La réussite à l'école et la réussite de l'école ne font qu'un, il y a superposition de l'enfant qui réussit bien et école bonne.

D'un côté il y a le fatalisme sociologique : enseignants et de l'autre des attentes insatisfaites par rapport à l'école.
Le rapport enseignants-parents n'est donc pas simple. Il renvoie a que fait l'école ?

L'école va produire des effets sociaux.

Quelle est la part de l'école dans la fabrication de l'échec scolaire ?
Vérification des publics, ils se ressemblent.

Indicateurs du retard, indicateurs prédictif (avenir scolaire) et cumulatif (renvoie au problèmes scolaires. On utilise des indicateurs car les variables ne sont pas apréhendables directement.

Cela renvoie à V. Isambert-Jamati : l'élève qui échoue au sens de l'école c'est celui qui n'a pas acquis dans le délais prévu les nouvelles connaissances et le nouveau savoir-faire que l'institution conformément aux programmes prévoyait qu'il acquiert.

Entre une école A et B, il y a un écart de 13% en ce qui concernent les retards.
Une partie des différences entre les 2 populations est créée par l'école dans laquelle vous êtes scolarisés.

L'établissement crée des différences.
L'école A est plus favorables aux filles que B. Best moins favorable aux enfants d'origines étrangères que A.

Pourquoi et par quels mécanismes l'école va créer ces différences ?

D'une école à l'autre, il n'y a pas le même climat dans l'établissement. Le climat est rattaché à des représentations mentales, sociales et qui vont déterminés en partie des attitudes.

2 climats différents dans ces établissements qui modifient la réussite (une partie de l'échec est du à l'école pas ce n'est pas la seule cause).

Le groupe d'enfants en situations sociale très précaires et pourtant ils réussissent bien, ils habitent dans le même immeuble. Ce n'est donc pas lié qu'à l'établissement mais ici à la solidarité de l'immeuble qui crée un lien école dans l'immeuble.

- Les familles intégrées sont des familles réussissantes.
- Les familles marginalisées sont plutôt en échec : anomie.

L'évitement scolaire :
La moitié des élèves qui sont là en début en CP ne sont plus là mais pourtant les effectifs dans l'établissement sont stables.
Les élèves partent dans des école privées, et la rentrée d'effectifs se fait à partir de quartiers proches.

1/3 des enfants qui devaient aller dans ces écoles n'y sont pas allés. Il y a une déperdition entre la maternelle et l'école primaire, davantage d'évitement en primaire qu'en maternelle.

Pourquoi les enseignants ont déclaré qu'il n'y avait pas de fuite ?

Hypothèse : effectif stable
Hypothèse : évitement qui nourrirait peut être un sentiment de honte
de la part des enseignants ce qui fait qu'ils ne déclarerait pas l'existence des ces fuites.

Ceux qui sont en fuites ont des caractéristiques sociales particulières :
- 49% sont des enfants d'ouvriers
- 67% sont des enfants d'employés
- 88% sont des enfants de cadre moyens
- 100% sont des enfants de cadre supérieurs et enseignants

La nationalité : il y a 82% de français et 43% d'étrangers

L'âge scolaire : 90% des disparus avaient l'âge normal pour comparer à ce qui sont restés et là seul 21% ont l'âge normal donc 79% ont du retard.

Le mouvement de fuite s'accélère au fur et à mesure que l'on s'éloigne des couches populaires. Il n'est pas exclu que cette fuite est due à la présence massive des enfants immigrés. A savoir que beaucoup pensent que immigrés = retard et immigré = échec.

M. Cherkaoui a montré que immigré = retard est une équation fausse car ces enfants ne sont pas de même milieu social tout simplement.
Si ces enfants immigrés seraient issus de CSP égale à ceux de nationalité française
alors enfants d'immigrés = enfants de nationalité française en réussite et sans retard
ou que enfants d'immigrés > enfants de nationalité française en réussite et sans retard

Les phénomènes n'ont pas de fondation mais cela va devenir vrai au fur et à mesure des rumeurs. Il y a ghettoïsation des établissements sur ce schéma que l'école induit l'échec dans le quartier alors l'école populaire est vouée à un échec scolaire.

Glissement successif : le taux d'échec est davantage du  aux départs des bons élèves qu'aux facteurs scolaires.

La reproduction n'est pas mécaniste

Du côté enseignant, partir ou rester dépend de pleins de facteurs, plus on vieillit et plus on a envie d'enseigner à des publics favorisés, c'est moins fatigant.
La moitié des enseignants souhaitent quitter ces écoles.

3 portails types d'enseignants : s'intéressant à leur motivation.

  1. Type de la stabilité militante
  2. Type de la stabilité résignée
  3. Type de la stabilité en fuite

Ces types renvoient à un rapport social avec les classes populaires. Selon le rapport, c'est la relation que l'on noue

  • origine sociale de l'enseignant
  • profession du conjoint
  • dimension militante
  • proximité de l'habitat
  • représentation mentale du quartier et de ces habitants.

Les marges de manœuvre ne sont pas nulles comme les 13% de retard le marque.

L'échec scolaire de l'école populaire est difficile à traiter puisqu'il y a fuite mais d'autres veulent construire.

Le discours dominant des enseignants est socialement surdéterminé c'est à dire que les enseignants ont plutôt tendance à grossir les problèmes sociaux des élèves et ne pas croire au potentiel de ces élèves.

Est-ce que dans ce cas la participation des famille est possible ?

Le rapport rendu à la municipalité et aux enseignants a été critiqué comme une remise en question négative du rôle des enseignants d'où un rejet de l'étude.
La négation face aux problèmes qui ne relèvent pas tous d'un handicap socioculturel.

En fait, il y a un refus de reconnaître la responsabilité partielle de l'école dans l'échec scolaire.

Que faut-ils faire pour prolonger les pistes ?
- Centrer la recherche scientifique davantage sur la réussite des élèves défavorisés. Pourquoi les élèves défavorisés réussissent-ils ? Montrer que c'est possible.
- Il faut agir sur la formation de l'enseignant
- S'interroger sur les modes d'enseignement, de recrutement
- S'interroger sur le contenu de l'enseignement, les moyens et méthodes
- Adapter un programme, les mêmes ingrédients aux élèves.

  1. L'échec scolaire n'est pas une fatalité
  2. L'enseignement possède des marges d'actions, de manœuvre
  3. Moyennant certaines adaptations pédagogiques, on peut démocratiser l'accès au savoir et les parcours scolaires au sens qualitatif du terme. On peut réduire les écarts sociaux de réussite, d'acquisition et de parcours.