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Sociologie des pratiques d'enseignement  (Tupin), cours n°1 : 

le 10/04/03

 

Avant : Inégalités d'accès ==> Après : inégalités de réussite

Système unifié : collège pour tous sans distinction sociale. Tous les enfants en âge d'aller en 6ème sont inscrits au collège.

Les législateurs disent que l'ouverture de l'école va de paire avec la réussite large des élèves indépendamment de leurs origines sociales. Ils ont une vision naïve du social parce que globalement l'échec scolaire prend naissance dans la configuration de collège pour tous qui suit encore la pyramide sociale selon Fourquin : "les chances de poursuivre des études dépendent souvent davantage de l'origine sociale que du talent ", ceci est une phrase clé qui résume des centaines de travaux sociologiques et le symbole de l'école de pensée : le structuralisme.

Le structuralisme s'est développé dans les années 1960, pas uniquement en sociologie mais dans plusieurs autres disciplines des sciences humaines, exemple en linguistique ou en anthropologie.

Pour l'anthropologie avec Jourdain et Lévis- Strauss : l'anthropologue développe une pensée structuraliste dans son champ comme l'anthropologie structurale qui étudie la structure des éléments de la parenté, on regarde comment les éléments de la parenté vont constituer des lois dans le social dans lesquelles elles se développent c'est à dire avant Lévi-Strauss : le niveau descriptif avec les anthropologues faisaient de l'ethnographie, il décrivaient ce qui se passait dans les société primitive.
La théorie de Lévi-Strauss essaie de comprendre au lieu de décrire comment fonctionne les sociétés primitives, il y a un raisonnement en terme de structure : Comment la structure guide la société ? Elle va se transformer en lois ? Ce sont des lois implicites, les structures vont gouverner la société, en marges de liberté limitées.

Pour la linguistique : c'est un mouvement équivalent et qui voit naître la linguistique structurale avec Jakobson et Chomsky qui vont s'atteler à l'étude de la structure des langues dans les années 60, c'est une époque marquée par des courants théoriques, ils vont avoir une incidence sur les phénomènes étudiés et sur la manière de décrire la réalité.

Dans l'analyse scientifique, il y a description d'un fragment du réel qui permet de donner un aspect de la réalité, il n'y a pas d'entité propre.

La mode du structuralisme s'est donc répandue dans beaucoup de disciplines.

Le chef de file en sociologie est Bourdieu qui développe le structuralisme.

Bourdieu : Objectifs, il faut faire attention de se mettre à distance du sens commun c'est à dire ce qu'on se dit dans la conversation ordinaire : rumeurs, idées reçues, représentations.

Les représentations sont infondées, fausses, de plus il y a 2 versants, le sens commun et le sens ordinaire : éléments faux, pas avérés, de sens communs médiatisés par voie de presse. Le sens médiatisé entretient un sens commun ordinaire.

Donner du sens en sociologie est différent du sens commun. Il faut penser à partir des faits, des preuves, des démarches ce qui est différents des rumeurs et des idées reçues.

E. Durkheim a le même objectif, c'est un des pères de la sociologie français et pense qu'il faut traiter les faits sociaux de façon statistique.

La régularité dans le fonctionnement humain donc des lois et cela suppose de la structure (proche du structuralisme).

Statistiques ==> Lois ==> Structures

L'humain est contraint par la structure.

Etude sur le suicide : on a déplacé le regard sur le suicide de la psychologie vers la sociologie (ce n'est qu'un fragment de la réalité), cela n'invalide pas la psychologie mais cela permet de porter un autre regard : tout ce qui reliait ces individus : mauvaise intégration dans la société, pertes de liens sociales.

La causalité est différente de la corrélation

L'idée de fond est reprise par les structuralistes comme Bourdieu qui des lois sociales vont aux structures de la société en sachant que la structure a une incidence directe sur le comportement individuel, c'est à dire que les phénomènes sociaux sont davantage le produit ou la manifestation des structures que le résultats d'action individuelle. Notre place dans la société détermine nos comportements.

La structure de la société conditionne nos agissements, c'est à dire que la structure est première, elle laisse peu de place à la mobilité.

Pour Boudon, la structure est la résultante d'actions et de choix individuels (ce qui est différent de la théorie précédente de Bourdieu). La structure est seconde. La structure pour Boudon s'est formé par l'agrégation des conduites individuelles.

Bourdieu : Les phénomènes scolaires à l'aide de l'œil structuraliste :

La limite fondamentale de sa théorie est l'école, le fait de ne pas prendre en compte l'intérêt de l'école..

a) faiblesse : Pas d'intérêt sur le processus ( ce qui se passe, interactions comment vont se créer les phénomènes, la dynamique).

Il y a un lien statistique entre avant et après l'école.

Bourdieu dit que la répartition est pyramidale, ce qui existe avant l'école se retrouve étrangement après.

On retrouve aux mêmes places les enfants qui étaient là avant. Le père cadre donnera un fils cadre. ==> input-output. Mais on ne sait pas ce qui se passe dans la boîte noire, comment se passe le processus de la reproduction sociale.

Le structuralisme donne des lois qui ont la même structure malgré le filtre de l'école, donc l'école a loupé ces buts. Pour Bourdieu ces lois existent.

La faiblesse de Bourdieu est aussi dans le lien statistique, il a peu parlé de cas atypique c'est à dire qu'il a moins parlé à des enfants qui avaient une mobilité ascendante ou descendante (ouvrier => médecin ou médecin => ouvrier).

Les cas atypiques pour Bourdieu sont des caricatures, dichotomie dominant/dominé c'est à dire un social bipolaire.

Les "héritiers" (1964) de Bourdieu vont permettre d'asseoir son approche de la société. Les années 60, il y a des faits, enquêtes de 1962, c'est une époque importante pour les réformes de la 5ème République (Loi Berthoin, ...). Bourdieu fait des enquêtes sur des étudiants en Lettres, l'origine de ces étudiants, leurs vécus de cette aventure en tant qu'étudiant. Pourquoi à l'université on trouve si pue d'enfants de niveau modeste ? comme Durkheim, il dit que la réussite n'est pas individuelle, il faut trouver des lois. En 1962, l'université accueillait 6% d'enfant d'ouvriers (aujourd'hui 12 en 40ans).

Constats :

  1. Les inégalités d'accès aux études sont dépendantes des classes sociales.

  1. Les rescapés sont les enfants d'ouvriers à l'université, il existe des  inégalités de cursus entre les rescapés des milieux modestes et les autres étudiants.

  1. Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas d'homogénéité dans le monde étudiant, pas de communauté ==> clivages sociaux.

  1. Les représentations mentales des étudiants sont liées à leurs appartenances sociales, il y a différentes conceptions d'être étudiants donc différentes façons de vivre comme étant étudiant.
    Il y a 2 familles de représentations mentales :
    - les favorisés : l'université permet une aventure intellectuelle, il vit avec une certaine distance.
    - les défavorisés, "rescapés" : passage contre nature, il y a une nécessité de saisir sa chance, besoin de concrétiser ces études pour le projet professionnel
    ==> Empreinte de conditions sociales.

  1. Différences de perception entre les femmes et les hommes étudiants, le vécu est différent dans la théorie structuraliste.

  1. La tendance dominante de l'université : absence de pédagogie, rationnement c'est à dire selon Bourdieu, on considère les étudiants comme si ils avaient le même capital culturel que les enseignants, les cours s'adresseront donc à des étudiants favorisés. Absence de pédagogie, de la médiation culturelle c'est à dire le pont entre votre bagage (capital culturel) et les savoirs universitaires. Cette pédagogie est déconsidérante, c'est à dire critiquée par les étudiants défavorisés qui considèrent les enseignants comme élitiste (il trouve ridicule de donner des méthodes).

  1. Bourdieu montre statistiquement que le capital culturel est plus impliqué que le capital économique en terme de trajectoire scolaire.

  1. L'idéologie dominant croît  aux inégalités naturelles c'est à dire les inégalités des dons (doué ou pas doué).

  1. L'université va transformer les privilèges en mérite selon l'expression "l'héritage culturel est transmué en grâces ou mérites".
    Bourdieu montre que les étudiants meilleurs que d'autres sont doués parce que qu'ils ont un capital culturel plus important d'où la naissance de privilèges.

  1. Dévalorisation de l'effort, les étudiants qui sont des scolaires, c'est péjoratif scolaire renvoie à bosseur donc pas doué. Il y a une idéologie des dons.

 

  1. Composition des déterminismes 4 axes :

       - 1) L'atmosphère intellectuelle : débats dans la famille.

       - 2) La langue : milieu monolingue, la langue utilisée est déterminante pour le parcours scolaire par rapport aux déterminismes sociaux. Bernstein avec la théorie des 2 codes : restreint et élaboré. La langue de la famille agit sur la façon de raisonner, la vision du monde, l'approches des connaissances, exemple devant un problème de maths, il y a une différence d'aborder la résolution du problème.
      
       -
    3) L'attitude à l'égard de l'école : elle est déterminé par le milieu, les différentes attitudes par rapport au milieu. R. Sirota dans "L'école primaire au quotidien" montre la complicité, la grande communauté de pensées entre l'instituteurs et les familles de couches moyennes (pourquoi ils sont du même milieu social).
      
       - 4) La culture encouragée : la culture est plurielle, de plus la culture de masse est partagée par toutes les classes sociales, exemple : enquêtes des pratiques télévisuelles chez les enfants, ils regardent tous la même chose mais certaines classes regardent en plus d'autres émissions, même si il y a culture de masse, la culture dans la famille qui regarde d'autres émissions  est de type encouragée.

 

  1. L'invocation du handicap social devient vite une raison d'abdiquer, on pousse un peu les enquêtes sur l'échec scolaire, les enseignants montrent que les élèves ont un handicap social, ce n'est pas la langue de l'école, ce n'est pas le capital de l'école. A. Léger dans "Fuir ou construire l'école populaire" explique que les opinions des parents et des enseignants sur l'échec scolaire sont des représentations croisées, l'échec c'est les autres. Pour les enseignants l'échec est du a des motifs sociaux ou au travail. Les enseignants laissent tomber, abdiquent face au handicap social pour les parents.
    Effet Pygmalion : test prédicateur de démarrage scolaire mais en fait, on tire les élèves au hasard, cela a une correspondance très forte entre le test et les résultats. Il y a baisse des attentes par rapport à la classe sociale alors il y a une baisse de stimulation et donc de progrès.

  1. Bourdieu se détache du  relativisme culturel radical c'est à dire que l'humanité hiérarchise la culture ce qui est différent d'une culture plurielle.  A l'école, il y a hiérarchisation de la culture :
    a/ vision élitiste de la culture : élitisme culturel, éléments dignes de rentrer à l'école.
    b/ Relativisme culturel radical avec le sociologue Vulliamy opposé à l'élitisme culturel. Tous les biens culturels se valent, ex : le rap = le classique. L'école n'a pas raison de privilégiée la culture "cultivée", le professeur de musique doit étudier la culture des élèves.
    c/ Bourdieu est dans la voie intermédiaire, le relativisme culturel postule que les différentes cultures sont égales en dignité, les biens culturels sont égaux en dignité à l'école mais n'ont pas tous le même niveau d'élaboration et de complexité. L'école ne doit pas stigmatiser les couches populaires avec une culture plus complexe.

    A/ Elitisme culturel : Proust
    B/ relativisme culturel : Bourdieu
    C/ Relativisme culturel radical : Vulliamy

     

  2. La pédagogie rationnelle (6) de Bourdieu a comme objectif de se rapprocher de la démocratisation c'est à dire de l'égalité des chances. Pas de forme mais des directions. On doit fournir les clés pour acquérir les habitudes de pensée exigées par l'école.
    Exemple :
    1/ Repères dans la bibliographie, techniques de synthèse, concepts, ...
    2/ La pédagogie rationnelle doit neutraliser méthodologique l'action des facteurs sociaux d'inégalités culturelles, les étudiants ont différentes capacités culturelles, il faut donc réduire ce fossé.
    Il ne dit pas comment faire, l'arme pédagogique reproduit la société.

V. Isambert-Jamati et M-F. Grospiron sont 2 sociologues qui ont travaillé sur la pédagogie du français en classe de 1ère. Les types de pédagogie sont différents : élitiste ou pas ?, existe-t-il un lien entre ce choix pédagogique avec les résultats au bac de France ? Les enseignants sont des acteurs sociaux puissants ou pas ? Altet, Bressoux, Bru, Leconte-Lambert sur les pratiques du CE2 voient augmenter les variétés de pratiques chez les enseignants, les écarts d'un enseignant à un autre, ex : temps consacré au français : un enseignant a une variété de modalités de pratiques différentes.
Le fatalisme sociologique est différent des illusions pédagogiques.