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Cours n°4 : L'Ecole à la Révolution (suite), le 16/10/02

Autour de l'enseignement secondaire, ce dont il est question c'est d'établir dans la colonie un enseignement secondaire complet car il s'agit de former une élite coloniale pour assurer la pérennité de la société coloniale et de son ordre.

Pour enseignement secondaire, on fait le choix de congrégation enseignante avec comme souci prioritaire de la société coloniale que ces congrégations développent un enseignement rudimentaire et mettent prioritairement l'accent sur la moralisation.

Autour de la commande coloniale et du projet des congrégations, il existe un mal entendu de départ car les congrégations enseignantes et plus particulièrement les Frères des Ecoles Chrétienne (FEC) n'entendent pas soumettre leur projet éducatif au volonté de la société coloniale.

 

IV. Modes pédagogiques et développement scolaire :

Les hommes de la Restauration sont convaincus de la nécessité de développer la scolarisation en France.
2 problèmes se posent :

  • Comment faire?

  • Avec quel personnel?

Car la situation de l'école élémentaire en France sous la Restauration est très en retard.

Une Commission (composé d'intellectuels et de notables) pour le développement de l'instruction publique est créée et regarde le développement scolaire dans les pays d'Europe du Nord avec notamment Philippe Desbassyns.

Plusieurs méthodes existent :

  • Méthode mutuelle, lancastérienne : 2 fondateurs : J. Lancaster et A. Bell

Il s'agit de repérer ce qui ont des aptitudes pour développer que d'autres, les enfants une fois repérés sont transformés en moniteurs. Ces moniteurs assisteront l'enseignant pour la scolarisation où les cours à assurer.

Avantages : - lutte contre la pénurie de maître
                  - peu coûteuse
                  - vise une certaine efficacité

Cette commission demande à la France d'appliquer cette méthode ce qui sera fait, la famille Desbassyns reprendra cette méthode pour la société coloniale.

  • Méthode préceptorale, individuelle :

- Chaque élève est instruit indépendamment des autres
- Peu adapté face au nombre des enfants
- Inévitable quand on aura affaire à des maîtres sans manuel et sans grande formation
- Trouve rapidement ses limites quand il s'agit de l'appliquer à un territoire, pays, localité.

  • Méthode simultanée, méthode des FEC :

- Nécessite un personnel formé et nombreux
- S'adresse désormais à des publics qui vont être divisés en classe et dans ces classes le public est réparti en fonction de l'âge et du niveau
- Laisse guère de place à l'improvisation en terme d'organisation et de conduites pédagogiques.

A partir de la Restauration, la méthode préceptorale connaît du recul, cohabite sous la Restauration 2 méthodes pédagogique : méthode mutuelle et simultanée.

Cette cohabitation est difficile et c'est la méthode simultanée qui va l'emporter.

 

Nouveau chapitre : Politique scolaire sous la Restauration

3 thèses : 

  • Les questions scolaires sont en bonne place dans les discussions auxquelles se livrent les responsables politiques et économiques sous la Restauration.

  • L'Etat n'est pas en mesure de veiller à ce qu'il y ait une école dans chaque commune, il ne dispose ni du personnel nécessaire, ni des finances, ni même des renseignement les plus élémentaires.

  • Toute société aristocratique réserve son meilleur enseignement à une élite.

 

I. Les écoles du peuple :

Au début de la Restauration, il n'existe pas d'enseignement primaire homogène, il n'existe aucun élément statistique d'ensemble au niveau des pouvoirs publics. La fréquentation scolaire reste très inégale entre ville et campagne. Les enfants des villes sont plus scolarisés que ceux des campagnes 2 raisons :

  • En ville l'offre scolaire est plus grande

  • L'utilité de scolariser les enfants n'est pas encore une idée très répandue et particulièrement dans les campagnes.

Filles et garçons sont dans des situations très différentes face à l'école, les filles étant moins scolarisées que les garçons. Puisqu'il est attribué un rôle au garçon différent du rôle des filles.
De plus, les publics de l'Ecole ne sont pas mixtes car les écoles mixtes sont condamnées par l'Eglise.

La scolarité à l'école élémentaire est marquée par une très forte irrégularité : travail,... . La demande sociale de scolarisation n'est pas très développée.

Au fil des années, la situation des écoles élémentaires va changer. Toutefois, le développement d'un certain nombre de métiers va nécessité un certain nombre d'instruction.

Le développement de la lecture va aviver le désir de scolarisation. Toutefois, la puissance publique intervient encore peu dans le développement.

La création d'écoles élémentaires est essentiellement le fait de municipalités et de congrégations, les maîtres d'écoles ont des conditions de vie difficiles, leur compétence est faible et leur dépendance à l'égard du curé et du notable est grande.

Après 1816, les textes de lois vont tenter d'organiser la  profession de maître d'école en rendant obligatoire la détention d'un brevet de capacité. Il n'y a pas d'intervention de l'Etat dans la construction scolaire.

Statistiques (A. Prost) :

 

 

Ecoles

Elèves

1817

20734

866000

1820

27581

1123000

1829

30996

1358000

II. Implantation scolaire à Bourbon :

- Bourbon est loin, 200 jours de bateau en moyenne
- Voyage pénible
- En France même l'enseignement élémentaire est peu développé.

Il ne sera donc pas facile de trouver des maîtres.

FEC : Pour ouvrir une école, il faut être 3 personnes, ces personnes doivent être formées, le développement des incitations financières au niveau des congrégations.

Après 1815, avec un cyclone, la sortie des guerres napoléonienne et l'occupation par les anglais, il faut faire des économies.

Ces économies seront supportées par les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny car ils ont "moins de besoin" que les hommes. Tout cela n'aide pas à la scolarisation des filles, on leur propose d'ouvrir des écoles payantes pour supporter ces économies.

Les FEC débarquent dans la colonie le 18 Mai 1817 et ils sont 6. Ils ouvrent 3 écoles : une à Saint-Denis, une à Saint-Paul et une à Saint-Pierre.

1ère difficulté : En ouvrant 3 écoles, ils commettent déjà une entorse à leur règlement mais ces écoles ont été faites sous demande pressante des autorités coloniales.

Ils subissent aussi les difficultés d'installation classique, ils doivent accueillir les enfants de pauvre, l'école doit être gratuite.

2ème difficulté : Fréquente à l'école de Saint-Pierre des enfants de notables et des enfants de pauvres, de parents blancs et de parents de couleur.

Il y a donc une demande de séparation des publics, les frères refusent et maintiennent leur refus, après les avoir sommé et exigé d'eux cela, on les expulse, ce qui a pour conséquences la fermeture de l'école.

En 1818, il ne reste plus que 2 écoles, celles de Saint-Denis et de Saint-Paul.

3ème difficulté : La pédagogie coûtant chère, elle est méritocratique, ce qui fait la valeur d'un élève c'est son statut scolaire et non pas social ou racial.

Donc la société coloniale est inquiétée, elle demande aux FEC de se tenir aux enseignement rudimentaire, de se plier à une pédagogie qui n'affecte pas l'ordre colonial.

L'école de Saint-Paul ferme et ne reste plus qu'à la fin de la 1ère décennie que l'école de Saint-Denis.

Cette période s'achève en 1833.

La situation mutuelliste du maître Bernard :
Bernard arrive dans la colonie le 28 Juin 1817 et est envoyé à Saint-Benoît. Il y a donc une volonté de l'administration coloniale d'avoir des institutions scolaire dans les grandes sous régions de l'île.

Bernard n'est pas un novice, maître aguerri et qui connaît la pédagogie mutuelle, Desbassyns a du jouer.

Il doit former des maîtres à la pédagogie mutuelle, c'est ce qui lui est demandé.

Ces maîtres auront pour conséquences :
- Baisse du coût financier
- Baisse des difficultés de recrutement

Mais il y a un problème d'origine racial avec les moniteurs de couleur. Donc au bout d'un an ça se passe mal.

Cette mesure est socialement explosive car elle remet en cause l'agencement de la société coloniale. Quand le gouverneur Cheffontaines s'en rend compte, il décide d'interdire la pédagogie mutuelle et Bernard et expulsé.

Il y a donc une imbrication étroite entre le monde pédagogique et l'organisation de la société.

On a là une contradiction entre des données économiques, des choix pédagogiques et des données idéologiques, sociales.

Les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny (SJC) :

3 ou 4 sœurs débarquent en même temps que Bernard le 28 Juin 1817, c'est une jeune congrégation fondée en 1807 par Anne-Marie Javouhey.

Elles ont le soutien de Philippe Panon Desbassyns dès le départ elles ont une pédagogie mutualiste.

Cette implantation à Bourbon est la 1ère hors de France, les SJC ont des difficultés liées aux nouvelles installation.

L'école ouvre qu'en Septembre 1817 à Saint-Paul puis à Saint-Denis le 2 Janvier 1818; Ces sœurs accueillent les enfants des pauvres et les enfants des parents qui peuvent payer la scolarité et il existe des parents de couleurs aisés.

La 1ère grande difficulté est la pédagogie mutuelle (voir Bernard), les autorités coloniales somment les sœurs d'arrêter la pédagogie mutuelle, elles ne seront pas expulsées car la scolarisation des filles est très limitée et ils ont  peur de ne pas pouvoir scolariser les filles aisées.

Elles arrêtent la pédagogie mutuelle et font de la pédagogie simultanée pour 2 raisons :

  1. Explication sociologique liée à leur apostolat, 1ère entreprise coloniale

  2. la congrégation mère est en train de changer de position sur les modes pédagogiques et elle choisit la pédagogie simultanée plutôt que la pédagogie mutuelle.

L'opposition entre les pédagogie mutuelle et simultanée trouve dans la colonie sa source principale dans l'agencement de la société esclavagiste. Cette opposition (dans la colonie) qui débouche en France sur la 1ère guerre scolaire est antérieure au problème que rencontrera la pédagogie mutuelle en France.

En France, on reproche à la pédagogie mutuelle ce qui est une de ses forces c'est à dire la rapidité.

Il s'impose donc l'idée que former quelqu'un nécessite du temps, de la discipline et sans ces 2 faits, la formation échouerait.

 

Difficulté chez la classe aisée :

On assiste à une émulation entre fille de couleur et fille blanche dans les classes payante, cette émulation tourne aux affrontements.

La société coloniale prend peur et exige des sœurs qu'elles mettent un terme à la cohabitation raciale dans les classes payantes.

Statistiques des FEC (R. Lucas) :

 

 

Ecoles

Elèves

1817

2

65

1820

2

182

1829

1

190

1ère Synthèse :

- Dès le débuts de la Restauration dans la colonie, les autorités coloniales sont amenées à se saisir de la question scolaire car les choix et les méthodes pédagogiques sont susceptibles de mal mener l'ordre colonial.

- Les autorités coloniales vont imposer, dès 1820, une surveillance de toutes les maisons d'enseignement, les plans d'enseignements seront contrôlés ainsi que les maîtres qui veulent exercer ce métier.

- Les difficultés rencontrées par les frères (ex : cohabitation sociale), par les sœurs (ex : cohabitation raciale), par Bernard (méthode jugée subversive) montrent combien les question scolaires vont buter sur des contradictions insurmontables.

 

III. Implantation scolaire à Bourbon :

C'est au Pays-Bas au 15ème siècle que naît ce mode de scolarisation.

Elle fonctionne à partir de 2 idées de base :

  1. Sur un même lieu, il y a plusieurs enseignements dispensés avec un système de graduation.

  2. Les élèves fréquentant ces établissements sont soumis à un contrôle permanent qui va faire qu'au terme de ces contrôles certains élèves seront promus et d'autres recalés.

Autres caractéristiques :

Ces établissements ont pour fonction de fournir aux élèves une culture générale.

Pendant très longtemps cette culture générale va accorder une place prépondérante aux langues latines et grecques et aux humanités. Le Collège va jouer un rôle essentiel dans la constitution de la bourgeoisie comme groupe social et dans sa conquête du pouvoir :

  • pouvoir administratif

  • pouvoir culturel

  • pouvoir politique

- Formellement dans ces établissement, il n'a pas d'exclusion institutionnalisé des enfants des êtres inférieurs.

- Ce sont en définitive les enfants des citadins appartenant au monde de la bourgeoisie qui fréquentent ces collèges.

Travail personnel : Textes du bicentenaire des établissements secondaires.