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Approches Sociolinguistiques (Si Moussa), Cours n°4: 

le 27/11/02

Lexique et tableaux en bas de page

 

Fioux (1993) et Bavoux (2000-2001)

Ils ont un intérêt pour les pratiques langagières des lycéens des lycées du général et professionnel.

Il y a une ambiguïté et une hétérogénéité linguistique dans ce milieu de jeunes créolophones.

Les pratiques langagières des jeunes ne sont pas les mêmes en famille et au lycée, un garçon n'a pas la même pratique qu'une fille, celle-ci se montrant plus volontiers bilingue.

  • Confirmation de différenciation linguistique liée à des différenciations économiques

  • Observation d'une mobilité linguistique quelque soit leur catégorie sociale

  • Phénomène d'appropriation linguistique qui se manifeste chez certains jeunes notamment par l'apparition de 2 nouveaux types de locuteurs bilingues :

  • D'une part mes jeunes issus de la famille francophone unilingue qui deviennent de nouveaux créolophones

  • Et inversement pour les jeunes issus de famille créolophone qui deviennent de nouveaux francophones

Fioux insiste sur la disparité qui caractérise le capital linguistique et culturel des jeunes, elle oppose la disparité à un bilinguisme éventuellement proposé par le programme éducatif qui ne tient pas compte ni du public ni des nuances qu'il faudrait incorporer dans cette forme d'enseignement.

On considère que le milieu est la cause de cet échec or selon Fioux, le fait de parler une langue n'empêche pas de parler une autre langue. 

Sans cette qualité créolophone du public, l'enseignement du français donnerait entière satisfaction, serait-ce le cas?

Erreur de problématique, la question à résoudre est d'abord celle de l'apprentissage avant celle de l'enseignement, on doit se concentrer sur le travail d'appropriation de l'élève.

 

Bavoux :

La pratique langagière des jeunes est une situation complexe non-figée caractérisée par une tendance contradictoire :

  • repli sur une créolité qui est quelque peu fantasmé

  • tendance à la métropolisation

La population accède de plus en plus au collège et au lycée et selon C. Bavoux, les représentations données sont parfois simplistes.

Les lycéens connaissent et utilisent les registres familiers du français ordinaire.

Evolution très rapide chez les lycéens de la situation linguistique, les parents des lycéens en question avaient majoritairement la langue créole comme langue première, les lycéens ont un langue première constituée de plusieurs variétés de créoles et ou de français et ou d'autres langues.

Les lycéens sont plus exposés que leurs parents au français, il y a le poids symbolique du modèle culturel et linguistique du métropolitain, véhiculé par l'enseignement.

Le modèle est aussi véhiculé par les élèves métropolitains et les réunionnais ayant séjournés en métropole ou à l'extérieur de l'île. Selon Bavoux, les lycéens acquièrent une vision assouplie du contact français - créole.

Donc il y a toujours la perception du français comme une langue de réussite, du créole comme la langue de l'identité familiale mais il y a en plus le français familier qui est mêlé à des variétés linguistiques endogènes : élément d'identification à la culture juvénile.

Bavoux étudie la pratique langagière dans un même lycée à 2 ou 3 années d'écart, les mots d'élocution empruntés par les jeunes de métropole mais aussi il recueille le même type d'élocution sous une forme moins branchée, il y a là un signe de décalage.

Cette évolution n'est pas contradictoire avec la promotion du créole, selon elle, il ne s'agit pas d'une perte du créole mais plutôt d'un dépassement du clivage diglossique.

Autres analyses concernant les pratiques langagières de jeunes réunionnais engagés dans une filière professionnalisante :

Maîtrise d'info-com et BTS maintenance vente auto

2 groupes qui ont des attentes différentes. Elle qualifie les étudiants du BTS de diglotes insécurisés et les info-com de plurilingue sécurisés.

Une enquête montre que le milieu automobile est plutôt francophone que traditionnel, il réserve au créole et à l'anglais une place secondaire mal définie ce qui provoque un malaise pour le créole. Situation diglossique car le français est obligatoire dans les interactions avec les supérieurs hiérarchiques et le créole peut apparaître dans les interactions plus familière entre collègues ou avec certain client.

Les jeunes ont le sentiment que le créole n'est pas reconnu à sa juste valeur dans la profession, le créole est perçu comme objet d'attachement et en même temps comme un handicap dans le milieu professionnel.

Pour les étudiants de la maîtrise d'info-com :

Le milieu francophone est plutôt branché, l'anglais et se positionne au 2ème rang avec un statut symbolique fort mais sont également admis des parlés plus officieux comme le créole et les parlés jeunes.

La position du créole est secondaire mais avec un statut positivé. Parler créole est associé à une mentalité de battant.

La vision plus souple, plus confiant que dans le groupe précédent. Il y a une compétence langagière plurielle dans laquelle s'intègre le français, l'anglais, les créoles et parlés jeunes. La compétence langagière est prête à s'adapter selon les circonstances.

Tupin (1999) :


  • Le rôle joué par la pyramide sociale dans la distribution des usagers linguistiques est caractérisé par un socle évasé, 2/3 des membres de la pyramide sont d'origine sociale défavorisée mais aussi plusieurs génération qui n'ont pas ou peu fréquenté l'école.
  • La politique éducative est floue
  • La position des praticiens qui doivent gérer au quotidien ce patrimoine plurilingue :
    - les parents se sentent désarmés
    - sentiments ambivalents : diglossie, insécurité linguistique, minoration

  • Ecart qualitatif par rapport à la métropole

- Le danger serait de mener une créolisation hâtive du système d'enseignement
- confiner l'enfant créolophone unilingue dans des espaces distincts où il serait encore plus vulnérable à la sélection sociale

L'expérience ou mise en place d'un aménagement linguistique dans le milieu scolaire ne peut réussir qu'avec l'adhésion du corps social.

Si il n'y a pas d'adhésion alors il faut préalablement engager une démarche d'informations de façon à modifier les représentations collectives.

Selon Tupin, les conditions ne sont pas réunis pour modifier en profondeur les représentations collectives entre le créole et le français sur le plan scolaire. Cependant plusieurs facteurs durant les années 90 sont allés dans le sens de la recherche de solution visant à réduire l'insécurité linguistique et donc permettre de meilleures conditions d'apprentissage.

4 facteurs ou événement :

  1. - évolution institutionnelle au niveau de l'inspection académique :
    plus d'autonomie dans la prise de décision, plus d'implications personnelles

  2. - Rapport du CREDIF

  3. - Evolution de la place du créole dans la société : le climat se détend, on voit émerger un phénomène de bilinguisme positif

  4. - Mise en place d'une commission académique de réflexion de l'enseignement du français en milieu créolophone

Pour envisager une politique d'aménagement linguistique à la Réunion, il faut se référer à la politique éducative en France qui est de plus en plus orientée par Bruxelles. Ce sont les décisions des politiques européens en matière de langue étrangère qui font la politique française.

  • Diversité des situations en Europe

  • Position de la France dans cette diversité

Dans le tableau 1, on peut voir que tous les pays ont une langue étrangère en enseignement.

Le début de l'enseignement obligatoire se fait entre 8 et 11 ans.

Projet pilote d'introduction d'une langue étrangère : marge de manœuvre, soit il impose soit la langue étrangère est dans le cadre d'une option en plus du programme obligatoire.

Tableau 2 : les langues peuvent être offertes à la fois en 1ère et 2ème langue. Au Danemark, l'anglais est imposé comme 1ère langue étrangère.

Seul l'anglais est présent dans tous les pays, ensuite le français et l'allemand puis l'espagnol et l'italien.

Les élèves n'ont souvent pas accès à l'ensemble des langues proposées puisque :

  • Il faut un nombre minimal d'élèves pour organiser des cours avec une langue particulière
  • Manque d'enseignants spécialistes
  • Demande majoritaire des parents
  • Tradition
  • Contexte linguistique ou culturel crée par les conditions limitrophes
  • Influence du monde économique (imposition de l'anglais)

Une des solutions est de recourir à un personnel extérieur au système scolaire par ex des natifs de pays étrangers.

Psychologie de l'enseignement des langues étrangères :

Au niveau du secondaire, il y a une longue tradition de l'enseignement de la langue étrangère, il n'y a pas de problèmes réels.

Les problèmes se fait au niveau de l'école primaire, problèmes complexes.
De façon générale, un enseignant est responsable de la classe qui doit enseigner toutes les matières.
profil enseignant généraliste.

Les semi-spécialistes sont des enseignants qualifiés pour enseigner un groupe de matière dont la langue étrangère, profil correspondant à la structure unique : regroupement de l'élémentaire et du niveau secondaire inférieur, en général se fait pendant 9 ans de 6 à 15 ans dans la même structure d'enseignement.

Les enseignants qualifiés pour enseigner une ou plusieurs langues étrangères sont des spécialistes.

Les généralistes ne peuvent exercé qu'au niveau primaire, semi-spécialiste au niveau primaire et secondaire, les spécialistes peuvent exercés aussi bien dans le primaire que dans le secondaire qui est le cas le plus fréquent.

La situation la plus répandue est de recourir soit à un généraliste, soit à un spécialiste. Certains pays privilégient les enseignants spécialistes comme l'Espagne et la Grèce, ce choix est lié à la tradition de l'enseignement de langue étrangère dans les pays considérés.

On distingue les pays qui ont une longue tradition d'enseignement des langues étrangères comme le Luxembourg  par exemple (depuis 1970).

Les futures enseignants doivent acquérir des compétences en didactique des langues étrangères, la langue étrangère fait parti du bagage de l'enseignant depuis presque 30 ans.

Dans les années 1980, certains pays comme au Portugal ont eu des réformes éducatives.

La situation est plus difficile quand les langues étrangères sont introduites dans les années 90, ils ont du adapté leur système sachant que les enseignants n'ont pas de compétences spécifiques en langues étrangères.

Tableau 4 : Mode de recrutement ou sélection de l'enseignant au niveau primaire :

Diplôme ou qualification en langue, recrutement par concours et dans ces cas là c'est le seul mode de recrutement possible. La solution envisagée est de dispenser un formation supplémentaire pour les enseignants en service.

Pour ce qui se passe en France :

Plusieurs modes de sélection, plusieurs profils, on estime à 45% d'intervention venant du secondaire, 45% étant des professeurs des écoles et 10% d'intervenant extérieurs habilités.

La France et l'Italie sont les seuls à avoir des politiques de recrutement aussi diversifiées.

La plupart des ressortissants européens vivent dans un environnement multilingues, on estime que 15 pays de la CEE ont entre 2 et 5 langues.

Le problème est de distinguer le statut des différentes langues pratiquées (5 statuts) :

  1. Langue autochtone

  2. Langue officielle

  3. Langue d'état

  4. Langue minoritaire ou régionale

  5. Langue dépourvue de territoire

La situation européenne montre une grande complexité, 4 pays ont plusieurs langues officielles : Belgique, Irlande, Luxembourg,  Finlande et ces pays ont même donné à ces différentes langues, le statut de langue d'état.

Un grand nombre de langue minoritaire ou régionale existent, seul 2 pays : Irlande et Luxembourg n'en ont pas.

La diversité culturelle, linguistique des systèmes éducatif est illustrée dans le tableau 5.