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Approches Sociolinguistiques (Si Moussa), Cours n°3: 

le 25/11/02

Thèse d’Axel Gauvin (1977) :

Il y a un colonialisme français oppressif dans le domaine linguistique.

Il évoque que les langues des peuples dominées sont exclues de l’administration, de la justice et qu’elles sont pourchassées dans le système éducatif sous prétexte de leur infériorité. Il se réfère à des exemples internationaux : Angola, Tanzanie, Madagascar, Vietnam.

Il montre que dans ces pays, la décolonisation a rendu une liberté linguistique alors que dans le même temps à la Réunion malgré la loi Deixon (1951) qui fixe les premiers cadres concernant l’usage des langues régionales en France, on mène une politique qui vise à éradiquer le créole, l’objectif n’est pas d’enseigner le français aux enfants réunionnais pour en faire des français à part entière mais de les maintenir dans l’aliénation, on veut nier la nation réunionnaise, bâillonner le peuple, le maintenir dans l’obscurantisme, reproduire la domination de la société coloniale, complexer le colonisé.

Gauvin livre son analyse des rapports vis à vis du réunionnais et des français. Le réunionnais a honte de s’exprimer dans sa langue maternelle en même temps, il voudrait s’exprimer dans la langue « noble » sans y parvenir. Il y a un phénomène complexe d’attirance et répulsion vis à vis des 2 langues en même temps.

Gauvin évoque aussi les sentiments réactionnaires de la petite bourgeoisie qui favorisée par le système et voulant défendre ses intérêts va interdire le créole à ses enfants.

Malgré cette forte pression idéologique, la prise de conscience progresse chez les enseignants et les classes sociales les plus défavorisées.

Mais selon Gauvin, rien ne peut se faire en dehors d’une autonomie interne réclamée par les anti-colonialistes, Gauvin va se situer dans cette perspective d’autonomie interne.

Le français aura toujours sa place par les liens politiques, culturels, économiques mais le français sera enseigné comme langue étrangère à partir de 8 – 9 ans, les enfants étant alphabétisés en créole, le créole qui jouerait alors un rôle important dans la vie officielle et à l’école.

Les réunionnais doivent être au moins bilingues dans ce projet de Gauvin, il prévoit 2 langues officielles créole et français, il y aura une traduction de tous les textes.

De même pour les bulletins radio, télé, justice l’école sera bilingue de même que l’université.

Gauvin pense à des crédits substantiels pour une pédagogie du français et du créole favorisant la publication.

 

Gauvin évoque le reproche qui est fait au défenseur du créole qui est du à des êtres plus à l’aise en français qu’en créole. Selon lui, 99% des intellectuels réunionnais ne sont à l’aise ni en créole ni en français. Il pense qu’ils ont pour mission de réapprendre le créole du peuple

M. Payet (1983) va aussi proposer sa réflexion tant qu’à la normalisation du créole réunionnais, une consolidation du créole.

Elle estime qu’il y a 3 facteurs décisifs pour favoriser le créole réunionnais :

  1. Informer le public réunionnais des mutations en cours dans le monde créolophone.
  2. Utiliser les dispositions prévues par les textes sur les langues et cultures régionales, utiliser les structure d’études et d’enseignement de la langue et de la culture créole à l’université de la Réunion.
  3. Les conditions actuelles de structuration de la langue créole sont favorables en termes de vitalité, stabilité, historicité, autonomie.

 

Comme A. Gauvin, il faut redonner le droit de paroles à ceux qui en ont été dépossédés, il faut renforcer les sphères d’insertion du créole. Ce projet doit recueillir l’adhésion des réunionnais qui doivent éprouver le désir de lire, d’écrire en créole et qui doivent avoir confiance en cette langue. Il faudrait augmenter la crédibilité du créole en en faisant un moyen d’accès aux emplois.

 

Evolution des textes officiels :

Si on se réfère aux textes définissant l’enseignement en France, la première priorité est de maîtriser la langue française écrite et orale.

Pour assurer l’égalité aux élèves, l’enseignement doit être adapté à la diversité des publics. Il y a une volonté politique de placer la langue au premier plan, elle se traduit par davantage de pratique orale mais en même temps, on prend en compte le contexte dans lequel évolue les enfants et on s’inspire des réussites de l’enseignement du français langue étrangère (FLE) : FLE est étrangère car elle est en majorité utilisée en langue seconde, langue étrangère dont l’usage est privilégiée pour le statut, la politique, le social et les idéologies.

Ce n’est pas tout à fait une langue étrangère mais ça n’est pas non plus une langue acquise en second car il y a un contact précoce avec cette langue. En général, il s’agit d’une langue d’enseignement.

En termes de politique scolaire, il y a 2 solutions, soit cette langue d’enseignement prend en compte la langue première des élèves à différents degrés soit elle ne le fait pas du tout et a donc une conséquence de bilinguisme pour les enfants.

Textes pour les langues régionales : l’évolution de la politique du français a été analysée par Chaudenson (1998) concernant des textes entre 1951 et 1995, de Deixon à une circulaire sur l’enseignement des langues et cultures régionales.

 

Selon Chaudenson, on a commencé à se préoccuper du sort des langues régionales en France quand elles avaient pour la plupart disparues.

1951 : loi Deixon : possibilité de mettre en place un enseignement facultatif de certaines langues régionales : Breton, Basque, Catalan et Occitan.

Après cette loi, il n’y eut pas grand chose mais une circulaire HABY (1976) recommande l’enseignement des cultures locales tout en réservant l’étude des langues aux idiomes reconnues par la loi Deixon.

Des circulaires en Juin 1982 et Décembre 1983 fixent l’orientation méthodologique pour l’enseignement des langues régionales.

En 1989, la loi d’orientation confirme ce qui précède.

1995 : Une circulaire mentionne explicitement un certains nombres de langues comme le Corse, Tahitien, langue mélanésienne mais jamais les créoles, ils n’ont donc toujours pas une reconnaissance dans les textes.

Pourtant il existe au moins 1.8 millions de locuteurs des créoles, cela représente autant que l’ensemble des locuteurs pour tous les langues régionales de France.

Les plans d’action pluriannuels sont fais pour la promotion des langues et cultures régionales, 3 principes de base :

  1. Volontariat des familles et des élèves
  2. Les limites imposées au niveau budgétaire et au niveau des ressources humaines
  3. Partenariat avec les collectivités locales

 

La circulaire de 1995 estime que cela est inapproprié pour les DOM puisque l’objectif n’est pas dans les DOM d’assurer la survie de la langue en extinction mais de permettre aux enfants des Dom d’apprendre efficacement le français. Il faut adapter l’enseignement du français aux réalités sociales et linguistiques.

 

Tupin (1999, 2002) revient sur le caractère flou et ambigu des textes officiels qui ne parlent pas du créole de peur sans doute de réactiver un débat potentiellement conflictuel.

L’accélération de la politique nationale à partir de 2000 pour la langue régionale avec le Journal Officiel avec une série de disposition en 2001 :

  • Création d’un CAPES de Créole(s)
  • Création d’un CRPE  spécial bilingue langue régionale
  • Possibilité de mettre en place des enseignants bilingue en langue régionale (pour la 1ère fois)
  • Création d’un conseil académique dont la mission est de veiller au statut et à la promotion de la langue et de la culture régionale dans l’académie dans toutes les diversités de leur modes d’enseignement et s’attacher à favoriser l’ensemble des activités correspondantes
  • Elaboration d’un plan de développement de l’enseignement  des langues et cultures régionales dans les écoles, collèges, lycées

 

L’usage et l’apprentissage à l’école d’une langue qui est le français standard :

Le français standard n’est généralement pas utilisé dans le contexte familial et quotidien et donc à l’école maternelle, on a pu observer des phénomènes de ruptures affectives et langagières, l’enfant est plus ou moins dérouté suivant les plus ou moins grandes similitudes du langage à l’école et à la maison.

 

Il existe une théorie qui est celle de Bernstein :

Il décrit les relations entre handicap linguistiques et handicaps socioculturels par l’opposition de codes élaborés et restreints.

Aucune langue n’est plus riche, plus belle,  plus complexe,  plus élaborée qu’une autre.

Dans cette perspective, un enfant socialement défavorisé n’a pas la possibilité à l’école d’utiliser pour son développement complet de son langage toutes les formes et contenus du parlé de chez lui. Il aura du mal à percevoir les différents registres de la langue et les différents modes d’utilisation de ces registres.

 

M.R. Tacite-Agenor (1997) dans l’éducation en question :

Il ne s’agit pas d’une absence mais d’une culture dont l’école ne tient pas en compte au bénéfice d’une autre ; celle-ci ne pouvant atteindre qu’un nombre limité d’enfant socialement favorisé.

Idée que la situation est délicate, il existe des attitudes extrêmes au sein de l’école, des polémiques, un débat passionné. 

En général, 3 positions semblent s’imposer :

  1. La négation au problème
  2. L’interdiction du créole
  3. La défense du créole

 

Rapport du CREDIF (Centre de Recherche et d’Etudes pour la Diffusion du français) (1995) qui a pour but d’éclairer le débat sur 3 questions fondamentales :

  1. Le problème des langues en contact : faire un état des lieux
  2. Rôle de la langue créole dans l’échec scolaire
  3. Introduction de la langue créole à l’école

Constats : 

  1. Pour les acteurs de l’école, le fait d’être créolophones est un handicap pour la réussite scolaire.
  2. Une large majorité d’enseignants pensent que le décalage par rapport à la métropole est du essentiellement au contact des langues.
  3. Les cadres éducatifs sont persuadés que le « malais » de la place des 2 langues augmentent au fil de la scolarité.

Comment mesurer l’influence du facteur linguistique à l’école sur la réussite scolaire : on se base sur un certains nombres d’indicateurs en milieu scolaire, ex : taux d’exposition linguistique à chaque langue en mesurant par exemple par le réseau de personnes en relation avec l’élève.

Pratique linguistique dominante, la fonction, le statut donné à chaque langue par l’enfant, par ces parents.

On essaie de mesurer l’insécurité linguistique en reliant la pratique avec les compétences, exemple : l’élève pense que la maîtrise de la longueur est importante mais il ne la maîtrise pas.

Exemple : l’élève déclare avoir une bonne maîtrise du français mais n’utilise pas le français standard.

La conscience d’utiliser l’une des 2 langues, l’utilisation d’énoncés mélangés.

Des remédiations sont proposées sous formes des stratégies éducatives, éviter la déculturation, éviter les blocages, la confusion des langues, libérer et même développer des situations confrontant les 2 systèmes linguistiques, pratiques pédagogiques diverses faisant appel à la communication, …

P. Cellier (1985) :

Il s’interroge sur les enfants réunionnais et le système éducatif construit selon un modèle national c’est à dire pour les classes linguistiquement hégémoniques, système qui exclue ce qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas appliquer la norme linguistique du français standard.

L’observation d’enfants dans des classes de milieux défavorisés montre que la langue spontanée est le créole et il y a parfois un glissement vers le français.

Sur 250 enfants observés, tous parlent créole mais à peu près moins de 10 peuvent s’exprimer correctement en français.

Compétences linguistiques des enfants :

Les enfants ne maîtrisent pas les règles syntaxique du français mais maîtrise les règles de la langue créole, les règles d’usage de la communication en créole donc ils possèdent la même maîtrise de langue maternelle qu’un enfant francophone du même âge.

Selon Cellier,  d’un point de vue psychologique, il  n’y  aucune raison que l’apprentissage du français ne se fasse pas dans de bonnes conditions.

Les obstacles principaux sont les conditions sociales et la dimension symbolique.

D’autres travaux ont considéré les parents d’élèves : J. Simonin et Y. Wolff :

Rapport des parents d’élèves avec le créole et le français dans le système éducatif.

Ils confirment que le créole est une langue d’interconnaissance, langue spontanée, le français c’est la langue de l’école, langue instrumentale, langue indispensable pour réussir sa vie professionnelle et pour pouvoir vivre ailleurs qu’à la Réunion. La question du chois ne se pose pas.

Pour eux le créole est connu et ne peut pas être un objet d’enseignement, ils acceptent que les enseignants utilisent le créole pour faciliter la communication mais l’objectif reste pour eux l’apprentissage du français même si cette langue leur semble difficile.

Hubert-Delisle (inspectrice) :

Hétérogénéité culturel des élèves d’où une nécessité de tenir compte des différences, elle met en garde contre les risques d’accentuation des différences, de catégorisation des élèves.

En effet, selon elle, les identités culturelles sont plurielles mais aussi mouvantes, l’objectif n’est pas de proposer des activités sur chaque culture, il ne faut pas courir le risque de la folklorisation, ne pas trop se tourner vers le passé. L’objectif général est de renforcer l’image de soi des élèves en soulignant la participation des diverses cultures à l’histoire régionale et nationale.

 

Tupin (1999, 2001) : Première réflexion sur l’approches de réflexions communicatives en petite section de maternelle.

Il s’agit de pousser l’enfant à communiquer quelque soit la langue afin de valoriser la langue maternelle et de l’utiliser comme point d’appui pour l’enseignement du français. Il faut être prudent dans la mesure où aucune évaluation scientifique n’a mesuré cet effet même si les résultats semblent positif.

Ces expériences sont en générales bien perçues par l’institution et l’opinion mais se situe à un niveau scolaire qui représente des enjeux dans la représentation collective.

Résultat de l’expérience EVLANG (Eveil aux langues), programme de l’Union européenne, qui a pour objectif de confronter, d’exposer des enfants à une grande diversité de langue. A la Réunion, il s’avère que les enfants des classes ayant suivies ce programme sont devenus plus tolérant à la diversité, qu’ils ont davantage envie d’apprendre des langues étrangères ce qui n’est pas le cas des élèves de l’échantillon témoin. Cela permet aux parents comme aux enseignants d’éviter de se focaliser sur le binôme français - créole