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Approches Sociolinguistiques (Si Moussa), Cours n°1: 

le 18/11/02

Pour le vocabulaire, voir en bas de page. Les mots en bleu sont des mots de vocabulaire, ils sont surlignés à leur première apparition.

Le cours se composera de 2 parties : 

  • Sociolinguistique de la Réunion

  • Politique des langues étrangères en Europe

Introduction :

Réflexion préliminaire sur le bilinguisme

Définition Renzo Titone (1992) : le bilinguisme c'est la capacité d'un individu de s'exprimer dans une seconde langue en respectant les concepts et les structures propres à cette langue plutôt qu'en paraphrasant sa langue maternelle.

Il existe plusieurs types de bilinguisme : ex bilinguisme familial :

L'enfant pratique sa langue maternelle à la maison et suit sa scolarité dans une autre langue.

Pour un enfant de couple mixte, où chaque parents parlent avec sa langue maternelle à l'enfant.

ex : bilinguisme institutionnel (Hamers et Blanc (1983)) dans le contexte scolaire : système d'enseignement dans lequel l'instruction est donnée dans au moins 2 langues dont l'une est la première langue de l'élève.

On peut enseigner simultanément sa langue maternelle et une langue étrangère, la langue maternelle puis la langue étrangère ou la langue étrangère puis la langue maternelle (immersion).

Remarque : Quand la langue étrangère n'est pas une langue d'enseignement et est enseignée comme simple discipline, il ne s'agit pas d'enseignement bilingue.

Ces définitions posent plusieurs questions, par ex : 

  • Le statut des 2 langues enseignées : égalité, hiérarchie?

  • Est-ce que l'une permet de mieux étudier l'autre? Quelle est la distance socioculturelle entre les 2 langues (force, prestige)?

  • Les élèves sont-ils homogènes ou hétérogènes linguistiquement?

  • Peuvent-ils parler une, 2, d'autres langues?

  • Quelle place occupe l'enseignement bilingue dans le pays, la région.

  • A quel âge, on doit commencer un cursus bilingue?

  • Qu'est-ce qui se passe dans le monde? Plurilinguisme fréquent?

Le plurilinguisme est la coexistence de plusieurs langues dans la même société, même état. Très peu d'état sont unilingues, certain sont officiellement plurilingues et certains ne le disent pas comme la France.

En France, l'enseignement d'une langue étrangère est faible, au Canada est revanche il y a eu le piège du bilinguisme franco-anglais avec le risque de privilégié la langue dominante sur le plan économique et il y a un risque de perdre son identité culturelle. Québec est unilingue et francophone.

En Europe c'est le même combat pour que toutes les cultures ne s'effacent pas devant une dominante, la solution est d'enseigner une autre langue que l'anglais.

Le multilinguisme est un enjeu politique ex : rayonnement de l'Europe sur divers continent, la place du français dans le monde.

L'enjeu est aussi culturel, il s'exprime en terme de compréhension, capital culturel, intégration des groupes minoritaires. Il y a distanciation et objectivation dans sa propre culture.

Actuellement, il y a un consensus pour les avantages d'être multilingue, il existe de nombreuses résistances culturelles, politiques et sociales.

Une seule nation, une seule langue : Calvet L.J. (1987), l'histoire de France et d'autres pays est faite de guerres linguistiques.

ex ; Corse : droit de l'enseignement de la langue et autonomie politique.

Les langues divisent et on a longtemps défendu le français d'être un élément unificateur.

Il existe une langue unique dans l'école de la République, la langue de l'identité nationale. On compte sur une langue unique pour intégrer les minorités étrangères.

Porcher : C'est l'institution éducative qui est chargée officiellement de l'intégration culturelle, ex : immersion de l'enfant d'origine maghrébine. Il y a un sentiment irrationnel contre le français avec dévalorisation d'autres langues, on peut enseigner en français mais ces autres langues restent beaucoup parler. Le français est peu soutenu dans les pays d'origine comme dans le monde arabe ou au Portugal.

- Pernoud et Charlot observent l'influence du facteur linguistique sur la réussite, l'accès au savoir dépend de la maîtrise de la langue.

Il y a un rapport entre la langue et les caractéristiques sociologiques, l'usage de français est différent selon la catégorie sociale.

Objectif pour les moins favorisés est parfois de parler mieux que les autres. On hiérarchise la langue.

La démocratisation de l'enseignement apporte aussi la démocratisation de l'enseignement des langues étrangères.

Il existent des représentations sur certains types de langues :

  • Arabe littéraire

  • Italien littéraire

Forquin montre l'hétérogénéité culturel, quel curriculum pour une société multiculturelle?

Comment choisir les contenus de l'enseignement? Il y a un risque d'éclectisme incontrôlé, risque de cacophonie.
Il faut nécessairement un hiérarchie des valeurs pour choisir, évaluer, préférer.

Questionnement sur la formation de l'enseignement dans une section multilingue :
Exigences didactiques et disciplinaires

En France, on rencontre des problèmes dans les objectifs de l'enseignement des langues vivantes à l'école primaire.
On veut  un enseignement efficace, progressif et continu en même temps, on a des objectifs d'éveil, de sensibilisation, d'ouverture, de contact des langues et donc des interruptions.

Situation à la Réunion

Spécificité linguistique et culturelle qui nécessite des adaptations particulières. Ces adaptations ont peu ou pas été faites, il y a eu apparition d'un phénomène de diglossie.

Cette situation est une situation de malaise en raison d'une occultation d'une partie du patrimoine linguistique de la majorité des élèves et le traitement inégalement statutaire des 2 langues en présence (français, créole).

Cette situation linguistique est particulière et il y a un manque d'adaptation de l'économie qui a pour conséquences une difficulté de la maîtrise de langue scolaire.

2 attitudes sont présentes dans le cadre scolaire : forte demande de formation en outil didactique et en même temps une relégation au second plan da la gestion du plurilinguisme dans la classe.

Les raisons sont le manque d'accessibilité des enseignants à des savoirs qui sont confinés dans un univers scientifique.

A la Réunion depuis 1974, des laboratoires de recherches se sont spécialisés dans les travaux de linguistiques et d'analyse des espaces francophones et créolophones. (Chaudenson, Carayol, Barat, Cellier)

Ces chercheurs ont théorisé la genèse des langues créoles, ils ont décrit le système réunionnais, ont réfléchi sur la graphie du créole et l'analyse de la dynamique sociolinguistique.

1970 : prise de position politique et production scientifique, le message entre ces "mouvements" a été brouillé face à une institution et une opinion publique hostile à toute forme d'introduction du créole dans l'enceinte scolaire.
En conséquence, même si les chercheurs sont intervenus fréquemment auprès des acteurs du système, les options institutionnelles n'ont pas été influencées par les résultats de leurs recherches.

La genèse et l'évolution du créole :

C'est une langue qui existent avec ses règles, son orthographe et sa grammaire depuis 1977.
Il existe de grandes diversités de la langue créole dans le monde, le créole ayant pour référence le français, l'anglais et l'espagnol. Il y a 2 zones influencées par le français : L'Océan Indien et au niveau des caraïbes.

Thèse de Chaudenson et Carayol (1978)

A partir du 17ème siècle, le français populaire et régional a évolué en un créole, évolution sur un point particulier du système linguistique français.

Chaudenson s'appuie sur le peuplement de l'île :

  1. Européens, principalement des français, les Yabs

  2. Esclaves, venus d'Afrique de l'Est, Cafres, de Madagascar, Malgaches et de l'Inde, Malbars.

  3. Chinois

  4. Zarabes

  5. Zoreil

Le créole est apparu dans la société esclavagiste vers le 16ème - 17ème siècle, le créole réunionnais est proche de français régionaux.

Phénomène de créolisation en 2 temps :

  1. Domination numérique des blancs sur les noirs, chacun travaille côte à côte, les esclaves apprennent rapidement le français, jusqu'en 1720, il y a eu un phénomène d'habitation

  2. Equilibre quantitatif entre blancs et noirs avec arrivés de nouveaux esclaves , les Bossales : anciens esclaves devenus commandeurs, ce sont des modèles sociaux pour les nouveaux esclaves notamment au niveau de la langue-cible, la langue des esclaves commandeurs.

Quand la 2ème phase d'immigration d'esclaves arriva, le créole était déjà constitué.

Pour appuyer cette thèse, Chaudenson fait référence à 1704 et 1709 avec la répartition ethnique, il y a avait 80 à 85% de créolophone.

La thèse du substrat africain n'est pas valide, les langues africains n'ont pas joui de rôle primordiale dans la genèse du créole.

Thèse du substrat africain, M. Payet (1983)

Rien n'autorise à exclure l'influence des branches des communautés africaines et indiennes dans la genèse du créole, l'hypothèse de Chaudenson sur l'île Bourbon est contestable.

L'importances des relations entre les colons réunionnais et les malgaches de Fort-dauphin.

  • La supériorité numérique des blancs n'est pas établie

  • Il y a maintient de la langue maternelle chez les esclaves malgaches

  • Pendant la phase de plantation, les colons se démarquent des esclaves, le français est symbole de domination alors que le créole est une langue servile (inférieure).

Les esclaves ont un créole de plus en plus complexe, élément contre nature à la fois investisment et compensation.

La société qui suit un schéma binaire, maîtres et esclaves accueille un 3ème terme, les affranchis comme société intermédiaire proche des esclaves unilingues par la communauté d'origine et en même temps que leur désir d'ascension dans la société, ils possède donc des valeurs et la langue de la grande bourgeoisie blanche et donc intériorise le mépris ou le patois des esclaves. D'où un réajustement du créole vers le français, au début il y a diversification sociale du créole.

A l'intérieur des colons, il y a des grands propriétaires et des colons moins favorisés, il y a donc une différence de travail ce qui fait a pour effet le rapprochement entre les petits blancs et les noirs-marrons notamment pour l'usage linguistique.

Monique Payet donne une thèse de dynamique interne du créole et une autorégulation face à un système hégémonique.

Elle rejette le continuum français - créole.

M. Beniamino, dans l'histoire du français à la Réunion explique que si l'on ne fait que s'intéressé au créole à la Réunion alors le créole serait la langue des réunionnais et le français un idiome parlé par une élite distincte.

Le rôle du français a été fondamental (il rejoint ainsi la thèse de Chaudenson et Carayol), le français est langue-susbtrat du processus de créolisation. L'importance du groupe des blancs au début du peuplement de l'île, les premiers colons ont construit le "Bourbonnais" qui n'est pas le français standard, c'est un français influencé par de nombreux dialectes lors de séjours portuaires. Ce français a donné le français créolisé, une sorte d'emblème identitaire pour la population blanche prolétarisée.

Le français créolisé est maintenu par tradition oral, créole acrolectale, proche du français standard, qui est tout à fait différent du français basilectale.

Le français créolisé a vu son rôle baissé, il n'est peut-être même plus la langue maternelle de certains locuteurs, il subit une érosion basilectale.

La pression plus forte du français standard crée la décréolisation relative avec un accès plus large du créole réunionnais et du français réunionnais à l'espace associatif.

Pendant la période de départementalisation après 1946, il y a expansion d'une petite bourgeoisie souvent fonctionnarisée qui  a modifié la situation linguistique. C'est dans cette classe moyenne que sont les plus grandes hostilité au créole sachant que l'adaptation des choix culturels et linguistiques du groupe dominant est favorable à une meilleure ascension sociale.

Moment où la société réunionnaise devient une société de stratification sociale plus marquée.

La conséquence est la minoration du créole réunionnais.

Lutte pour l'hégémonie culturelle et linguistique qui a entraîné une malgachisation forcenée des étymologies. Il y a eu donc à ce moment plus de variantes du créole réunionnais emprunté aux africains.

Conclusion de Beniamino :

La position du français réunionnais est celle d'une variété de langues occultées car si on reconnaissait sa place cela entraînerait des bouleversements identitaires importants pour la société.